Les fours solaires en carton
A Kindia, les essais de cuisson solaire prévus en 2006 avaient pour objectif principal de tester des fours en carton rudimentaires et peu coûteux. Nous avons apporté de quoi faire 2 fours, c'est à dire 4 cartons, puisque nos modèles étaient construits sur le modèle du cuiseur bois, c'est à dire avec une boite intérieure placée dans un carton plus grand, ce qui permet un espace isolant entre les 2.
A Kindia, nous avons utilisé un premier four solaire en carton dans le village de Koliady en même temps que le cuiseur boîte stocké à l'APEK. Le cuiseur boite a permis la cuisson d'un gâteau. La température dans le four carton a dépassé 90°, mais pendant un temps insuffisant pour cuire le riz complètement. Cependant il faut noter que les fours ont été placés tardivement (vers 12h30ou 13h) et que le four était un modèle très simple, trop profond, avec une vitre horizontale et de petits rabats pour servir de réflecteurs. Ce four a été laissé aux habitants de Koliady. Il a été décoré par les jeunes du village qui ont peint différents motifs.
Le deuxième four a été amélioré à partir de ce premier essai. Le carton intérieur a été découpé, de façon à permettre la pose inclinée de la vitre, comme dans le cuiseur boîte. On lui a également rajouté des panneaux de carton pour augmenter la surface des réflecteurs. Ce modèle a été essayé à Comaya, mais le temps était ce jour là assez couvert, ce qui n'a pas permis la cuisson solaire.
A Labé, l'utilisation des fours solaires a été initiée par Blandine Caron et son équipe (en relation avec la chambre d'agriculture de la Haute Vienne) depuis 2 ans. Les animateurs sont extrêmement motivés et ont diffusé la technique largement à partir d'une vingtaine de cuiseurs solaire en bois fabriqués sur place. Les fours sont mis à la disposition des familles dans plusieurs villages, les femmes s'en servent quotidiennement d'octobre à avril et elles sont enthousiastes. Les résultats sont excellents, puisqu'on prépare pratiquement tous les plats de la cuisine traditionnelle, c'est à dire le riz, les sauces, les soupes, les gâteaux… L'ACA (Agence de Commercialisation Agricole) qui est le correspondant principal, organise des formations dans d'autres villes de Moyenne Guinée, formations qui sont même demandées aujourd'hui, de plus loin encore puisque les animateurs vont jusqu'en Haute Guinée. Le seul problème à la diffusion plus large de ces cuiseurs reste leur coût… C'est pourquoi l'équipe locale s'intéresse aux fours carton. Lors de notre passage, un modèle assez complexe était disponible, avec armature bois et double vitrage. En revanche, il n'y avait pas de boîte intérieure et donc pas d'isolation, ni de plaque noire au fond. Il n'a donc pas donné un résultat satisfaisant. Notre four en carton a quant à lui, atteint une température de 130° pendant presque une heure, ce qui a permis de cuire du poisson, malgré le temps en partie couvert. Nous avons laissé ce four à Labé où il sera sûrement utilisé et peut-être amélioré.
Au bilan, les essais réalisés à Labé conduisent à penser qu'il est utile de poursuivre les formations sur la cuisson solaire. Si la motivation est forte, elle permet de passer outre les réticences liées au scepticisme et au changement de pratiques nécessaires. L'amélioration des fours carton, et en particulier de leur étanchéité, pourra les rendre abordables pour tous. En effet, la plaque de verre achetée à Conakry a coûté 2 500 FG, et le papier d'alu, disponible sur le marché, revient pour un four de taille moyenne à environ 3 000 FG, soit un total de 1 euro. Il s'agit d'un prix vraiment minimum, car pour une utilisation régulière, il faudrait prévoir en plus un cadre pour la vitre. L'ensoleillement à Kindia n'est peut-être pas aussi fort qu'à Labé, mais même si c'est pour une période moins longue dans l'année, ou avec une utilisation moins variée, cela peut représenter une aide substantielle pour les femmes, une réelle amélioration de la qualité de vie de la population et une véritable économie de bois.
A Labé, le four solaire modèle Bolivia Inti coûte 250 000 FG (50 euros). Il est financé à 30% par la famille.
Le modèle en carton avec un double vitrage et une armature renforcée a coûté 100 000 FG (18 euros).